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PYTHAGORE.

cette occasion ; qu’il y en eut fort peu qui se sauvèrent, entre autres Archytas de Tarente, et Lysis, dont nous avons parlé ci-dessus. Dicéarque dit que Pythagore mourut à Métapont, dans le temple des Muses, où il s’était réfugié, et où la faim le consuma au bout de quarante jours. Héraclide, dans son abrégé des Vies de Satyrus, prétend que Pythagore ayant enterré Phérécide dans l’ile de Délos, revint en Italie, se trouva à un grand festin d’amitié que donnait Milon de Crotone, et qu’il se rendit de là à Métapont, où, ennuyé de vivre, il finit ses jours en s’abstenant de nourriture. D’un autre côté, Hermippe rapporte que, dans une guerre entre les Agrigentins et les Syracusains, Pythagore courut avec ses amis au secours des premiers ; que les Agrigentins furent battus, et que Pythagore lui-même fut tué par les vainqueurs, pendant qu’il faisait le tour d’un champ planté de fèves. Il raconte encore que les autres, au nombre de près de trente-cinq, furent brûlés à Tarente, parcequ’ils s’opposaient à ceux qui avaient le gouvernement en main. Une autre particularité dont Hermippe fait mention est que le philosophe, étant venu en Italie, se fit une petite demeure sous terre ; qu’il recommanda à sa mère d’écrire sur des tablettes tout ce qui se passerait ; qu’elle eût soin d’en marquer les époques, et de les lui envoyer lorsqu’il reparaîtrait ; que sa mère exécuta la commission ; qu’au bout de quelque temps Pythagore reparut avec un air défait et décharné ; que, s’étant présenté au peuple, il dit qu’il venait des enfers ; que, pour preuve de vérité, il lut publiquement tout ce qui était arrivé pendant son absence ; que les assistants, émus de ses discours, s’abandonnèrent aux cris et aux larmes ; que, regardant Pythagore comme un homme divin, ils lui amenèrent leurs femmes pour être instruites de ses préceptes, et que ces femmes furent celles qu’on appela pythagoriciennes. Tel est le récit d’Hermippe.

Pythagore avait épousé une nommée Théano, fille de