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PYTHAGORE.

distingués par la vertu, rapporte qu’il apprit la langue égyptienne, et fréquenta beaucoup les Chaldéens. Étant en Crète avec Épiménide, il descendit dans la caverne du mont Ida ; et après être entré dans les sanctuaires des temples d’Egypte, où il s’instruisit des choses les plus secrètes de la religion, il revint à Samos, qu’il trouva opprimée par Polycrate. Il en sortit pour aller se fixer à Crotone en Italie, où il donna des lois aux Italiotes[1]. Il se chargea du maniement des affaires publiques, qu’il administra conjointement avec ses disciples, qui étaient au nombre de trois cents, ou à peu près ; mais avec tant de sagesse, qu’on pouvait avec justice regarder leur gouvernement comme une véritable aristocratie.

Héraclide du Pont rapporte que Pythagore disait ordinairement qu’autrefois il fut Æthalide, et qu’on le crut fils de Mercure ; que Mercure lui ayant promis de lui accorder la grâce qu’il souhaiterait, hormis celle d’être immortel, il lui demanda le don de conserver la mémoire de tout ce qui lui arriverait pendant sa vie et après sa mort ; qu’effectivement il se rappelait toutes les choses qui s’étaient passées pendant son séjour sur la terre, et qu’il se réservait ce don de souvenir pour l’autre monde ; que, quelque temps après l’octroi de cette faveur, il anima le corps d’Euphorbe, lequel publia qu’un jour il devint iïlthalide ; qu’il obtint de Mercure que son ame voltigerait perpétuellement de côté et d’autre ; qu’elle s’insinuerait dans tels arbres ou animaux qu’il lui plairait ; qu’elle avait éprouvé tous les tourments qu’on endure aux enfers, et les supplices des autres âmes détenues dans ce lieu. À ce détail Pythagore ajoutait qu’Euphorbe étant mort, son ame passa dans Hermotime, qui, pour persuader la chose, vint à Branchide, où, étant entré dans le temple d’Apollon, il montra le bouclier qu’y suspendit Ménélas ; que ce fut à son retour de Troie qu’il consacra à ce dieu le bou-

  1. Habitants des pays qu’on appelait la grande Grèce.