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ARISTON


il lui fit sentir son erreur. Il critiquait fort et haïssait Arcésilas ; de sorte qu’un jour ayant vu un monstrueux taureau qui avait une matrice, il s’écria : « Hélas ! voilà pour Arcésilas un argument contre l’évidence[1]. » Un philosophe académicien lui soutint qu’il n’y avait rien de certain. Quoi ! dit-il, ne voyez-vous pas celui qui est assis à côté de vous ? Non, répondit l’autre. Sur quoi Ariston reprit : Qui vous a ainsi aveuglé ? qui vous a ôté l’usage des yeux[2] ?

On lui attribue les ouvrages suivants : deux livres d’Exhortations, des Dialogues sur la philosophie de Zénon, sept autres Dialogues d’école, sept traités sur la Sagesse, des traités sur l’Amour, des commentaires sur la vaine Gloire, quinze livres de Commentaires, trois livres de choses mémorables, onze livres de Chries, des traités contre les Orateurs, des traités contre les Répliques d’Alexinus, trois traités contre les Dialecticiens, quatre livres de lettres à Cléanthe.

Panétius et Sosicrate disent qu’il n’y a que ces lettres qui soient de lui, et attribuent les autres ouvrages de ce catalogue à Ariston le péripatéticien.

Selon la voix commune, celui dont nous parlons, étant chauve, fut frappé d’un coup de soleil, ce qui lui causa la mort. C’est à quoi nous avons fait allusion dans ces vers choliambes[3] que nous avons composés à son sujet :

Pourquoi, vieux et chauve, Ariston, donnais-tu ta tête à rôtir au soleil ? En cherchant plus de chaleur qu’il ne t’en faut, tu tombes, sans le vouloir, dans les glaçons de la mort.

Il y a eu un autre Ariston, natif d’Ioulis, philosophe péripatéticien ; un troisième, musicien d’Athènes ; un quatrième, poëte tragique ; un cinquième, du bourg d’Alæe, qui écrivit des systèmes de rhétorique ; et un

  1. Il fut le premier qui soutint le pour et le contre.
  2. Vers d’un poëte inconnu. Ménage.
  3. Sorte de vers iambes.