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SOLON.

vivre parmi vos amis. Bias vous écrit d’aller à Priène; si vous préférez cet endroit à notre ville, je ne tarderai pas à m’y rendre auprès de vous.»



SOLON.

Solon de Salamine, fils d’Exécestidas, commença par porter les Athéniens à abolir l’usage d’engager son corps et son bien à des gens qui prêtaient à usure. Plusieurs citoyens, ne pouvant payer leurs dettes, étaient réduits à servir leurs créanciers pour un certain salaire. On devait à Solon lui-même sept talents de l’héritage de son père: il y renonça, et engagea les autres appelée d’un nom qui signifie décharge... Il fit ensuite d’autres lois, qu’il serait long de rapporter, et les fit écrire sur des tablettes de bois.

Voici une action qui lui donne beaucoup de réputation. Les Athéniens et les Mégariens se disputaient Salamine, sa patrie, jusqu’à se détruire les uns les autres; et, après plusieurs pertes, les Athéniens avaient publié un édit qui défendait sous peine de la vie de parler du recouvrement de cette île. Solon là-dessus recourut à cet artifice : Revêtu d’un mauvais habit, et prenant l’air d’un homme égaré, il parut dans les carrefours, où la curiosité ayant attroupé la foule, il donne à lire au crieur public une pièce en vers sur l’affaire de Salamine, dans laquelle il exhortait le peuple à agir contre le décret. Cette lecture fit tant d’impression sur les esprits, que dans le moment même on déclara la guerre à ceux de Mégare, qui furent battus, et dépouillés de la possession de l’île. Entre autres expressions dont il s’était servi, il émut beaucoup le peuple par celles-ci :

« Que ne suis-je né à Pholégandre[1] ou à Sicine! Que

  1. Pholégandre, l’une des îles Sporades dans la mer Égée, que Suidas prend pour les Cyclades. Sicine, île près de Crète. (Ménage et le Thrésor d’Estienne.)