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ZÉNON.


l’eau humide, l’air froid, la terre sèche, et il y a aussi quelque chose de cette qualité dans l’air. Le feu occupe le lieu le plus élevé, et ils lui donnent le nom d’éther. C’est là que fut formé premièrement l’orbe des étoiles fixes, puis celui des étoiles errantes. Us placent ensuite l’air après l’eau. Enfin la terre occupe le lieu le plus bas, qui est en même temps le centre du monde.

Ils prennent le mot de monde en trois sens : premièrement pour Dieu même, qui s’approprie la substance universelle ; qui est incorruptible, non engendré ; l’auteur de ce grand et bel ouvrage ; qui enfin, au bout de certaines révolutions de temps, engloutit en lui-même toute la substance, et l’engendre de nouveau hors de lui-même. Ils donnent aussi le nom de monde à l’arrangement des corps célestes, et appellent encore ainsi la réunion des deux idées précédentes. Le monde est la disposition de la substance universelle en qualités particulières, ou, comme dit Posidonius dans ses Éléments sur la science des choses célestes, l’assemblage du ciel et de la terre, et des natures qu’ils contiennent ; ou bien l’assemblage des dieux, des hommes, et des choses qui sont créées pour leur usage. Le ciel est la dernière circonférence, dans laquelle réside tout ce qui participe à la divinité. Le monde est gouverné avec intelligence, et conduit par une providence, comme s’expliquent Chrysippe dans ses livres des Éléments des choses célestes, et Posidonius dans son treizième livre des Dieux. On suppose dans ce sentiment que l’entendement est répandu dans toutes les parties du monde, comme il l’est dans toute notre âme, moins cependant dans les unes et plus dans les autres. Il y en a de certaines où il n’y a qu’un usage de faculté, comme dans les os et les nerfs ; il y en a encore dans lesquelles il agit comme entendement, par exemple dans la partie principale de l’âme. C’est ainsi que le monde universel est un animal doué d’âme et de raison, dont la partie principale est l’éther, comme le dit Antipater Ty-