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ZÉNON.


espèces. Celle qui est par genres renferme trois parties : l’une du monde, l’autre des éléments, la dernière des causes. L’explication de ce qui regarde le monde se divise en deux parties. La première est une considération du monde, où l’on fait entrer les questions des mathématiciens sur les étoiles fixes et errantes : comme si le soleil et la lune sont des astres aussi grands qu’ils le paraissent ; sur le mouvement circulaire et autres semblables. L’autre manière de considérer le monde appartient aux physiciens : on y recherche quelle est son essence, et si le soleil et les astres sont composés de matière et de forme, si le monde est engendré ou non, s’il est animé ou sans âme, s’il est conduit par une providence, et autres questions de cette nature. La partie de la physique qui traite des causes est aussi double : la première comprend les recherches des médecins, et les questions qu’ils traitent sur la partie principale de l’âme, sur les choses qui s’y passent, sur les germes, et autres sujets semblables. La seconde comprend aussi des matières que les mathématiciens s’attribuent, comme la manière dont se fait la vision ; quelle est la cause du phénomène que forme un objet vu dans un miroir ; comment se forment les nuées, les tonnerres, les cercles qui paraissent autour du soleil et de la lune, les comètes et autres questions de cette nature.

Ils établissent deux principes de l’univers, dont ils appellent l’un agent, et l’autre patient. Le principe patient est la matière, qui est une substance sans qualités. Le principe qu’ils nomment agent est la raison qui agit sur la matière ; savoir Dieu, qui, étant éternel, crée toutes les choses qu’elle contient. Ceux qui établissent ce dogme sont Zénon Cittien, dans son livre de la Substance ; Cléanthe, dans son livre des Atomes ; Chrysippe, dans le premier livre de sa Physique, vers la fin ; Archédème, dans son livre des Élémens, et Posidonius, dans son deuxième livre du Système physique. Ils mettent une différence