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ZÉNON.


l’occasion de paraître, ainsi qu’elle est représentée dans ces vers :

Quoiqu’il digère sa bile pour ce jour même, il conserve sa colère jusqu’à ce qu’elle soit assouvie.

La fureur est une colère qui emporte. Quant à la volupté, c’est une ardeur pour une chose qui paraît souhaitable. Elle comprend la délectation, le charme, le plaisir qu’on prend au mal, la dissolution. La délectation est le plaisir qui flatte l’oreille ; le plaisir malicieux, celui qu’on prend aux maux d’autrui ; le charme, une sorte de renversement de l’âme, ou une inclination au relâchement ; la dissolution, le relâchement de la vertu. De même que le corps est sujet à de grandes maladies, comme la goutte et les douleurs qui viennent aux jointures, de même l’âme est soumise à de pareils maux, qui sont l’ambition, la volupté et, les vices semblables. Les maladies sont des dérangements accompagnés d’affaiblissement ; et cette opinion subite qu’on prend d’une chose qu’on souhaite est un dérangement de l’âme. Comme le corps est aussi sujet à des accidents, tels que les catarrhes et les diarrhées, ainsi il y a dans l’âme certains sentiments qui peuvent l’entraîner, tels que le penchant à l’envie, la dureté, les disputes, et autres semblables.

On compte trois bonnes affections de l’âme : la joie, la circonspection, la volonté. La joie est contraire à la volupté, comme étant une ardeur raisonnable ; la circonspection, contraire à la crainte, comme consistant dans un éloignement raisonnable. Le sage ne craint jamais, mais il est circonspect. La volonté est contraire à la convoitise, en ce que c’est un désir raisonnable. Et comme il y a des sentiments qu’on range sous les passions primitives, il y en a aussi qu’on place sous les affections de cette espèce. Ainsi à la volonté on subordonne la bienveillance, l’humeur pacifique, la civilité, l’amitié ; à la circonspection,