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ZÉNON.


tion des organes des sens, à laquelle ils attribuent la faiblesse d’esprit qui paraît dans quelques uns. Ils nomment aussi sensation l’action des sens.

Au sentiment de ces philosophes, il y a des choses que l’on comprend par les sens : c’est ainsi qu’on discerne ce qui est blanc d’avec ce qui est noir, et ce qui est rude d’avec ce qui est mou. Il y en a aussi d’autres que l’on conçoit par la raison : telles sont les choses qu’on assemble par la voie de la démonstration, comme celles qui regardent les dieux et leur providence.

Ils disent que l’entendement connaît de différentes manières les choses qu’il aperçoit ; les unes par incidence, les autres par ressemblance ; d’autres par analogie, d’autres encore par transposition ; celles-ci par composition, celles-là par opposition. Par incidence il connaît les choses sensibles ; par ressemblance, les choses dont l’intelligence dépend d’autres qui leur sont adjointes : c’est ainsi qu’on connaît Socrate par son image. L’analogie fait connaître les choses qui emportent augmentation, comme l’idée de Titye et de cyclope, et celles qui emportent diminution, comme l’idée de pygmée : c’est aussi par une analogie tirée des plus petits corps sphériques qu’on juge que la terre a un centre. L’esprit pense par transposition lorsque, par exemple, on suppose des yeux dans la poitrine ; par composition, comme quand on se figure un homme demi-cheval ; par opposition, relativement à la mort. On pense par translation aux choses qu’on a dites, ou au lieu, à ce qui est juste et bon, par une action de la nature ; enfin on pense par privation, comme quand on se représente un homme sans mains. Voilà encore quelques unes de leurs opinions sur l’imagination, les sens et l’entendement.

Ces philosophes établissent pour source de la vérité, ou pour moyen de la connaître, l’imagination comprenant ou saisissant son objet ; c’est-à-dire, recevant les impressions d’un objet existant, comme le remarquent Chrysippe, livre douzième de sa Physique, Antipater et