Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/291

Cette page n’a pas encore été corrigée
275
ZÉNON.


d’une manière concise et modérée, en amenant la chose de loin. Par exemple, il dit à un homme fort affecté, qui passait lentement par-dessus un égout : Il a raison de craindre la boue, car il n’y a pas moyen de s’y mirer. In philosophe cynique, n’ayant plus d’huile dans sa fiole, vint le prier de lui en donner. Il lui en refusa ; et comme il s’en allait, il lui dit de considérer qui des deux était le plus effronté. Un jour qu’il se sentait de la disposition à la volupté, et qu’il était assis avec Cléanthe auprès de Chrémonide, il se leva tout-à-coup. Cléanthe en ayant marqué de la surprise : J’ai appris, dit-il, que les bons médecins ne trouvent point de meilleur remède que le repos contre les inflammations. Il était couché, à un repas, au-dessus de deux personnes dont l’une poussait l’autre du pied. S’en étant aperçu, il se mit aussi à pousser du genou, et dit à celui qui se retourna sur lui : Si cela vous incommode, combien n’incommodez-vous pas votre voisin ? Un homme aimait beaucoup les enfants. Sachez, lui dit Zénon, que les maîtres qui sont toujours avec les enfants n’ont pas plus d’esprit qu’eux. Il disait que ceux dont les discours étaient bien rangés, coulants et sans défaut, ressemblaient à la monnaie d’Alexandrie, qui, quoique belle et bien marquée, n’en était pas moins de mauvais aloi : au lieu que les propos d’autres, où il n’y avait ni suite ni exactitude, étaient comparables aux pièces attiques de quatre drachmes II ajoutait que la négligence surpassait quelquefois l’ornement dans les expressions, et que souvent la simplicité de l’élocution de l’un entraînait celui qui faisait choix de termes plus élevés. Un jour qu’Ariston, son disciple, énonçait mal certaines choses, quelques-unes hardiment, et d’autres avec précipitation : Il faut croire, lui dit-il, que votre père vous a engendré dans un moment d’ivresse. Il l’appelait babillard, avec d’autant plus de raison qu’il était lui-même fort laconique. Il se trouva à dîner avec un grand gourmand qui avalait tout, sans rien laisser aux autres.