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DIOGÈNE.

qu’il savait faire, il répondit : Commander à des hommes. Montrant ensuite un Corinthien qui avait une belle bordure à sa veste (c’était Xéniade, dont nous avons parlé) : Vendez-moi, dit-il, à cet homme-là ; il a besoin d’un maître. Xéniade Tacheta ; et l’ayant mené à Corinthe, il lui donna ses enfants à élever, et lui confia toutes ses atTaires, qu’il administra si bien, que Xéniade disait partout qu’un bon génie était entré chez lui.

Cléomène rapporte, dans son livre de l’Éducation des Enfants, que les amis de Diogène voulurent le racheter ; mais qu’il les traita de gens simples, et leur dit que les lions ne sont point esclaves de ceux qui les nourrissent ; qu’au contraire ils en sont plutôt les maîtres, puisque la crainte est ce qui distingue les esclaves, et que les bêtes sauvages se font craindre des hommes.

Il possédait au suprême degré le talent de la persuasion ; de sorte qu’il gagnait aisément, par ses discours, tous ceux qu’il voulait. On dit qu’Onésicrite d’Égine, ayant envoyé à Athènes le plus jeune de ses deux fils, nommé Androsthène, celui-ci vint entendre Diogène, et resta auprès de lui. Le père envoya ensuite l’aîné, ce même Philiscus dont nous avons fait mention, et qui fut pareillement retenu. Enfin, étant venu lui-même après eux, il se joignit à ses fils et s’appliqua à la philosophie, tant Diogène savait la rendre aimable par ses discours. Il eut aussi pour disciples Phocion, surnommé le Bon, Stilpon de Mégare, et plusieurs autres, qui furent revêtus d’emplois politiques.

On dit qu’il mourut à l’âge de quatre-vingt-dix ans, et l’on parle diversement de sa mort. Les uns croient qu’il mourut d’un épanchement de bile, causé par uni pied de bœuf cru qu’il avait mangé ; d’autres disent qu’il finit sa vie en retenant son haleine. De ce nombre est Cercidas de Mégalopolis ou de Crète, dans ses Poésies mimiambes[1], où il parle ainsi :

  1. Certaine mesure appelée iambique.