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DIOGÈNE.

discours indécents : Quelle vergogne ! lui dit-il, de tirer une épée de plomb d’une gaine d’ivoire ? On le blâmait de ce qu’il buvait dans un cabaret : J’étanche ici ma soif, répondit-il, tout comme je me fais faire la barbe chez un barbier. On le blâmait aussi de ce qu’il avait reçu un petit manteau d’Antipater ; il employa ce vers pour réponse : Il ne faut pas rejeter les précieux dons des dieux[1]. Quelqu’un le heurta d’une poutre, en lui disant : Prends garde ; il lui donna un coup de bâton, et lui répliqua : Prends garde toi-même. Témoin qu’un homme suppliait une courtisane, il lui dit : Malheureux ! pourquoi tâches-tu de parvenir à ce dont il vaut bien mieux être privé ? Il dit aussi à un homme qui était parfumé : Prenez garde que la bonne odeur de votre tête ne rende votre vie de mauvaise odeur. Il disait encore que comme les serviteurs sont soumis à leurs maîtres, les méchants le sont à leurs convoitises. Quelqu’un lui demandait pourquoi les esclaves étaient appelés d’un nom qui signifie pieds d’hommes ; il répondit : Parcequ’ils ont des pieds comme les hommes, et une âme formée comme la tienne, puisque tu fais cette question. Il demandait une mine à un luxurieux ; et interrogé pourquoi il souhaitait de celui-là une mine, tandis qu’il ne demandait qu’une obole à d’autres, il répondit : C’est que j’espère désormais recevoir des autres ; au lieu qu’il n’y a que les dieux qui sachent si tu me donneras jamais quelque chose de plus. On lui reprochait qu’il demandait des dons, pendant que Platon s’abstenait de pareilles demandes. Il en fait aussi, dit-il, mais c’est en approchant sa tête de l’oreille, de peur que d’autres ne le sachent. Voyant un mauvais tireur d’arc, il alla s’asseoir à l’endroit où était le but, alléguant que c’était de peur que cet homme ne l’attrapât. Il disait que les amoureux sont la dupe de l’idée qu’ils se forment de la volupté. On lui demandait si la mort était

  1. Vers d’Homère.