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DIOGÈNE.

D’autres disent qu’il se retira volontairement, craignant les suites de ce qu’il avait fait. Il y en a aussi qui disent qu’il altéra de la monnaie qu’il avait reçue de son père ; que celui-ci mourut en prison, et que Diogène prit la fuite et vint à Delphes, où ayant demandé à Apollon, non pas s’il changerait la monnaie, mais par quel moyen il se rendrait illustre, il reçut l’oracle dont nous avons parlé.

Étant venu à Athènes, il prit les leçons d’Antisthène ; et quoique celui-ci le rebutât d’abord, ne voulant point de disciple, il le vainquit par son assiduité. On dit qu’Antisthène menaçant de le frapper à la tête avec son bâton, il lui dit : « Frappe, tu ne trouveras point de bâton assez dur pour m’empêcher de venir t’écouter. » Depuis ce temps-là il devint son disciple ; et voyant exilé de sa patrie, il se mit à mener une vie fort simple. Théophraste, dans son livre intitulé Mégarique, raconte là-dessus qu’ayant vu une souris qui courait, et faisant réflexion que cet animal ne s’embarrassait point d’avoir une chambre pour coucher, et ne craignait point les ténèbres, ni ne recherchait aucune des choses dont on souhaite l’usage, cela lui donna l’idée d’une vie conforme à son état. Il fut le premier, selon quelques uns, qui fit doubler son manteau, n’ayant pas le moyen d’avoir d’autres habillements, et il s’en servit pour dormir. Il portait une besace, où il mettait sa nourriture, et se servait indifféremment du premier endroit qu’il trouvait, soit pour manger, soit pour dormir, ou pour y tenir ses discours ; ce qui lui faisait dire, en montrant le portique de Jupiter, le Pompée, que les Athéniens lui avaient bâti un endroit pour passer la journée. Il se servait aussi d’un bâton lorsqu’il était incommodé, et dans la suite il le portait partout, aussi bien que la besace, non à la vérité en ville, mais lorsqu’il était en voyage, ainsi que le rapporte Olympiodore, patron des étrangers à Athènes[1], et

  1. C’était une charge à Athènes.