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ANTISTHÈNE.

n’avait qu’à plier son manteau en double. Quelle est, lui demanda-t-on, de toutes les choses qu’il faut apprendre, la plus nécessaire ? Celle, répondit-il, d’oublier le mal. Il exhortait ceux qui étaient l’objet de la médisance, à la supporter comme si quelqu’un jetait des pierres à lui-même. Il taxait Platon d’orgueil ; et voyant un jour dans une pompe publique un cheval qui hennissait, il dit à Platon : Vous me semblez avoir une fierté pareille à celle-là ; faisant allusion par ce discours à ce que Platon donnait beaucoup de louanges au cheval. Étant venu un jour auprès de ce philosophe qui était malade, et voyant un vase dans lequel il avait vomi : Je vois bien, dit-il, la bile de Platon, mais non pas son orgueil. Il conseillait aux Athéniens de faire un décret par lequel ils déclarassent que les ânes sont des chevaux ; et comme on trouvait ce discours déraisonnable, il ajouta : « Ne choisissez-vous pas pour généraux des gens qui ne savent rien, et qui n’ont d’autre droit que leur élection à la charge qu’ils remplissent ? » Quelqu’un lui disant que beaucoup de gens lui donnaient des louanges : Je ne sache pas non plus, dit-il, avoir fait quelque chose de mauvais. On raconte que comme il laissait voir un côté de son manteau qui était déchiré, Socrate, qui s’en aperçut, lui dit : Je vois ta vanité au travers des trous de ton manteau. Phanias rapporte, dans son livre des Disciples de Socrate, que quelqu’un ayant demandé à Antisthène par quel moyen il pourrait acquérir un caractère bon et honnête, il lui répondit : En apprenant, de ceux qui sont plus instruits que vous, que les vices que vous avez sont des choses qu’il faut fuir. Quelqu’un vantant beaucoup les plaisirs d’une vie délicate, il dit qu’il ne les souhaitait qu’aux enfants de ses ennemis. Ayant vu un jeune homme qui tâchait de paraître tel que le statuaire l’avait représenté, il lui adressa ce discours : Dis-moi, si une statue d’airain savait parler, de quoi se vanterait-elle ? De sa beauté, dit le jeune homme. N’as-tu donc pas honte, reprit-il,