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THÉOPHRASTE.

comique; il était aussi fort serviable et aimait beaucoup les lettres.

il fut protégé de Cassandre, et Ptolémée le fit inviter à se rendre à sa cour. Il s’était rendu si agréable aux Athéniens, qu’Agonide l’ayant accusé d’impiété, peu s’en fallut qu’on l’en accusât lui-même : in lui comptait plus de deux mille disciples, multitude dont il prit occasion de parler, entre autres choses, dans une lettre qu’il écrivit à Phanias le péripatéticien, sur le jugement qu’on portait de lui. « Je suis éloigné, dit-il, de réunit chez moi toute la Grèce, qu’au contraire je ne reçois point de fréquentes assemblées, comme quelqu’un le prétend : néanmoins les leçons corrigent les mœurs, et la corruption du siècle ne permet pas qu’on néglige ce qui est propre à les réformer. » Il se donne dans cette lettre le nom de rhéteur. Cependant, quoiqu’il fût de ce caractère, il se retira pour quelque temps avec les autres philosophes, lorsque Sophocle, fils d’Amphiclidas, leur défendit de tenir école sans le consentement du sénat et du peuple, sous peine de mort. Il furent absents jusqu’au commencement de l’année suivante, que Philion cita Sophocle en justice, et fut cause que les Athéniens abrogèrent l’édit, condamnèrent Sophocle à une amende de cinq talents, rappelèrent les philosophes à Athènes, et autorisèrent Théophraste à reprendre son école et à enseigner comme auparavant.

Son véritable nom était Tyrtame; mais Aristote le changea en celui de Théophraste, voulant dire par là qu’il avait une éloquence plus qu’humaine. Aristippe, dans le quatrième livre des Délices des Anciens, dit qu’il aima beaucoup Nicomaque, quoique celui-ci fût son disciple. On rapporte qu’Aristote disait de Théophraste et de Callisthène ce que Platon dit de lui et de Xénocrate, que Théophraste avait tant de pénétration, qu’il concevait et expliquait sans peine ce qu’on lui apprenait, au lieu que Callisthène était fort lent; de sorte que l’un