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ARISTOTE.

restre, il dit qu’elles sont conduites par une sympathie qu’elles ont avec les choses célestes. Et outre les quatre éléments, il en suppose un cinquième dont il dit que les corps célestes. sont composés, et dont il prétend que les mouvement est différent du mouvement des autres éléments; car il le fait orbiculaire.

Il suppose l’ame incorporelle, disant qu’elle est la première entéléchie[1] d’un corps physique et organique qui a le pouvoir de vivre; il distingue deux entéléchies, et il appelle de ce nom une chose dont la forme est incorporelle. il définit l’une une faculté, comme est celle qu’a la cire; où l’on imprime une effigie de Mercure, de recevoir des caractères, ou l’airain de devenir une statue; et donne à l’autre le nom d’effet, comme est, par exemple, une image de Mercure imprimée ou une statue formée. Il appelle l’ame entéléchie d’un corps physique, pour le distinguer des corps artificiels, qui sont l’ouvrage de l’art, tels qu’une tour ou un vaisseau, et de quelques autres corps naturels, tels que les plantes et les animaux. Il l’appelle entéléchie d’un corps organique, pour marquer qu’il est particulièrement disposé pour elle, comme la vue est faite pour voir et l’ouïe pour entendre. Enfin il l’appelle entéléchie d’un corps qui a le pouvoir de vivre, pour marquer qu’il s’agit d’un corps dont la vie réside en lui-même. Il distingue entre le pouvoir qui est mis en acte et celui qui est en habitude : dans le premier sens l’homme est dit avoir une ame, par exemple lorsqu’il est éveillé; dans le second lorsqu’il dort, de sorte que quoique ce dernier soit sans agir, le pouvoir ne laisse pas de lui demeurer.

Aristote explique amplement plusieurs autres choses qu’il serait trop long de détailler; car il était extrêmement laborieux et forts ingénieux, comme il parait par la liste que nous avons faite de ses ouvrages, dont le nom-

  1. On traduit perfaction : c’est un mot imaginé par Aristote.