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ARISTOTE.

trois sortes de biens; ceux de l’ame, auxquels il donne le premier rang et le plus de pouvoir; deux du corps, comme la santé, la force, la beauté, et les autres bien qui ont rapport à ceux-là; enfin ceux qu’il appelle extérieurs, comme la richesse, la noblesse, la gloire, et autres semblables. Il dit que la vertu ne suffit pas pour rendre heureux, et qu’il faut pour cela que les biens corporels et extérieurs se trouvent joints avec elle; de sorte que, quoique sage, on ne laisse pas d’être malheureux si on est accablé de travaux, ou dans la pauvreté, ou qu’on soit affligé d’autres maux pareils. il disait au contraire que le vide suffit pour rendre malheureux, quand on aurait d’ailleurs en abondance les biens du corps et les biens extérieurs. Il croyait que les vertus ne sont pas liées ensemble, en sorte que l’une suive l’autre; mais qu’il se peut qu’un homme prudent, ou tout de même un homme juste soit intempérant ou incontinent. Il supposait au sage non l’exemption de passions, mais des passions modérées. Il définissait l’amitié une égalité de bienveillance réciproque, et en comptait trois espèces, l’amitié de parenté, l’amour, et l’amitié d’hospitalité; car il distinguait deux sortes d’amours, disant qu’outre celui des sens il y avait celui qu’inspire la philosophie. Il croyait que le sage peut aimer, remplir des charges publiques, embrasser l’état du mariage, et vivre à la cour des princes. Des trois ordres de vies qu’il distinguait, et qu’il appelait vie contemplative, vie pratique et vie voluptueuse, il préférant le premier. Il regardait toutes sortes de sciences comme utiles pour acquérir la vertu, et dans l’étude de la physique il remontait toujours aux causes; de là vient qu’il s’applique à donner les raisons des plus petites choses; et c’est à cela qu’il faut attribuer la multitude de commentaires qu’il a écrits sur la physique.

Aussi bien que Platon, il définissait Dieu un être incorporel; et il étend sa providence jusqu’aux choses célestes. Il dit aussi que Dieu est immobile. Quant aux choses ter-