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ARISTOTE.

Aristote continua de professer la philosophie à Athènes pendant treize ans, au bout desquels il se retira secrètement en Chalcide, pour se soustraire aux poursuites du prêtre Eurymédon qui l’accusait d’impiété, ou à celles de Démophile, qui, selon Phavorin, dans son Histoire, le chargeait non seulement d’avoir fait pour Hermias l’hymne dont nous avons parlé, mais encore d’avoir fait graver à Delphes, sur la statue de ce tyran, l’épitaphe suivant :

Un roi de Perse, violateur des lois, fit mourir celui dont on voit ici la figure; un ennemi généreux l’eût vaincu par les armes, mais ce perfide le surprit sous le voila de l’amitié.

Eumèle, dans le cinquième livre de ses Histoires, dit qu’Aristote mourut de poison la soixante et dixième année de son âge; il dit aussi qu’il avait tente ans lorsqu’il se fit disciple de Platon : mais il se trompe, puisque Aristote en vécut soixante-trois, et qu’il n’en avait que dix-sept lorsqu’il commença de fréquenter l’école de ce philosophe. Voici l’hymne dont j’ai parlé :

O vertu pénible aux mortels, et qui êtes le bien le plus précieux qui se puisse acquérir dans la vie; c’est pour vous, vierge auguste, que les sages Grecs bravent la mort, et supportent courageusement les travaux les plus rudes; vous remplissez les ames d’un fruit immortel, meilleur que l’or, les liens du sang, les douceurs du sommeil C’est pour l’amour de vous que le céleste Hercule et les fils de Léda endurèrent tant de maux : leurs actions ont fait l’éloge de votre puissance. Achille et Ajax sont allés aux lieux infernaux, par le désir qu’ils ont eu de vous conquérir. C’est aussi l’amour de votre beauté qui a privé du jour la nourrisson d’Atarne, illustre par ses grandes actions; les Muses immortelles, ces filles de Mémoire qui ajoutent à la gloire de Jupiter l’Hospitalier et qui couronnent une amitié sincère, augmenterons l’honneur de son nom.

J’ai fait aussi les vers suivants sur Aristote :

Eurymédon, qui préside aux mystères de Cérès, se prépare à accuser Aristote d’impiété; mais ce philosophe le prévient, en buvant du poison. c’était au poison de vaincre une injuste envie.