Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/195

Cette page n’a pas encore été corrigée
179
LACYDES.

On dit que Bion de Borysthène, Scythe d’origine, niait l’existence des dieux. S’il avait persisté dans cette opinion, on pourrait dire qu’il avait effectivement ce sentiment dont il faisait profession, tout mauvais qu’il est. Mais une maladie où il tombe lui faisant craindre la mort, on a vu celui qui niait qu’il y eût des dieux, qui n’avait jamais regardé les temples, et qui se moquait de ceux qui offrent des sacrifices, faire non-seulement monter à l’honneur des dieux la graisse et l’encens dans les foyers sacrés, sur la table et l’autel, non-seulement dire, J’ai péché, pardonnez-moi mes crimes; mais on l’a vu aller jusqu’à ajouter foi aux enchantements d’une vieille femme, se laisser attacher des charmes au cou et aux bras, et suspendre à sa porte de l’aube-épine, avec une branche de laurier; en un mit, dispose se prêter à tout plutôt qu’à mourir. Insensé ! qui pense que les dieux s’achètent, comme s’il n’y en avait que quand il plait à Bion de le croire! Devenu donc inutilement sage, lorsque son gosier n’est plus qu’un charbon ardent, il tend les mains et s’écrie : Reçois mes vœux, ô Pluton!

Il y a eu dix Bions : le premier, natif de Proconnèse, fut contemporain de Phérécyde de Syrus : on a deux livres de lui ; le second, Syracusain, écrivit de la rhétorique; le troisième est celui dont nous venons de donner la vie; le quatrième, disciple de Démocrite et mathématicien d’Abdère, a écrit en langue attique et ionique; il est le premier qui ait dit qu’en certains pays il y a six mois de nuits et six mois de jour; le cinquième, né à Solès, a traité de l’Éthiopie; le sixième, rhétoricien, a laissé neuf livres intitulés des Muses; le septième était poëte lyrique; le huitième, sculpteur de Milet, dont Polémon a parlé; le neuvième, poëte tragique et un de ceux qu’on appelait Tharsiens; le dixième, sculpteur de Clazomène ou de Chio, dont Hipponax fait mention.




LACYDES.

Lacydes, fils d’Alexandre, était natif de Cyrène. Il fut chef de la nouvelle académie et successeur d’Arcésilas.