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ARCÉSILAS.

proches qu’on lui fait là-dessus regardent Démétrius lorsqu’il s’embarqua pour Cyrène, et Léocharès de Myrléa, aussi bien que Démocharès et Pythoclès, le premier fils de Lacinés et le second de Bugelus. Ayant remarqué les sentiments des deux derniers pour lui, il dit qu’il y cédait par un principe louable: cela fut cause que ses censeurs l’accusèrent encore de rechercher l’amitié du peuple et la gloire.

On l’attaqua surtout chez Jérôme le péripatéticien, lorsque celui-ci invita ses amis pour célébrer le jour de naissance d’Alcyron, fils d’Antigone, fête dont Antigone faisait la dépense, par les présents qu’il envoya. Arcésilas, évitant d’entrer en dispute à table, fut provoqué par un nommé Aridèle, qui lui proposa une question qui méritait d’être un sujet de conversation; mais il répondit que la principale qualité d’un philosophe était de savoir faire chaque chose en son temps. Timon le raille sur son goût pour les applaudissements du vulgaire. « A peine, dit-il, achève-t-il de parler, qu’il perce la foule à droite et à gauche; on le contemple comme des oiseaux nigauds admirent le hibou. Voilà le fruit qui te revient de la faveur du peuple; mais, homme vain, cela vaut-il la peine de t’en glorifier? »

Arcésilas était d’ailleurs si modéré et si peu plein de lui-même qu’il exhortait ses disciples d’aller entendre d’autres maîtres que lui. un jeune homme de Chio ayant témoigné qu’il préférait l’école de Jérôme le péripatéticien à la sienne, il le prit par la main, l’y conduisit, le recommanda au philosophe, et exhorta le jeune homme à être docile. Quelqu’un lui ayant demandé pourquoi quantité de disciples quittaient les sectes de leurs maîtres pour embrasser celle d’Épicure, tandis qu’aucun épicurien n’abandonnait la sienne pour en embrasser une autre, il répondit : « Parceque des hommes on fait bien des eunuques, mais que des eunuques on ne fait point des hommes. »