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ARCÉSILAS.

sur les mêmes choses pour et contre, et qui établit dans les écoles la manière de raisonner par demandes et par réponses, que Platon avait introduite, mais que personne n’avait encore mise en vogue.

Voici comment il s’attacha à Crantor. Ils étaient quatre frères, dont il était le plus jeune; deux étaient frères de père et deux frères de mère : l’ainé de ceux-ci s’appelait Pylade, et l’ainé des deux autres s’appelait Mœréas, qui était le tuteur de notre philosophe. Arcésilas fut donc d’abord auditeur d’Antiloque, mathématicien, et son concitoyen, avant de venir à Athènes; il fut avec lui à Sardes, ensuite il devint disciple de Xanthus, musicien d’Athènes, puis de Théophraste; après quoi il devint celui de Crantor, contre le gré de son frère Mœréas, qui lui conseillait de s’appliquer à la rhétorique : mais il avait déjà pris le goût de la philosophie. Crantor, qui prit pour lui un attachement particulier, lui ayant à cette occasion récité ce vers de l’Andromède d’Euripide :

Fille, si je vous sauve, quelle récompense en aurai-je?

Arcésilas répondit en lui citant le vers suivant :

Vous me prendrez pour servante, ou, si vous l’aimez mieux, pour vous tenir compagnie.

Depuis ce temps-là, ils vécurent dans une amitié fort étroite; et on dit que Théophraste fut sensible à la perte qu’il avait faite de ce disciple, et qu’il le témoigna en disant : « Quel jeune homme plein d’esprit et de savoir a quitté mon école! » En effet, Arcésilas s’énonçait avec gravité et composait avec goût. Il avait aussi de la disposition pour la poésie, et il fit des épigrammes sur Attale. En voici une :

On ne loue pas seulement Pergame pour ses faits héroïques, on la met aussi souvent, pour la bonté des chevaux, au dessus de Pise la sainte, mais si un mortel peut pénétrer dans l’avenir, je prévois que sa réputation s’accroitra davantage encore.