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Crantor

grammes; le dixième était de Tarse, et fut philosophe académicien.




CRANTOR.

Quoique Crantor fût en estime à Solès sa patrie, il la quitta pour aller à Athènes, où il eut Xénocrate pour maître et Polémon pour condisciple. Il a composé des commentaires qui contiennent jusqu’à trente mille versets. Il y a des auteurs qui en attribuent une partie à Arcésilas. On dit que, sur ce qu’on lui demanda pourquoi il s’était attaché à Polémon, il répondit qu’il n’avait jamais entendu personne parler avec plus de force et de gravité.

Étant tombé malade, il se retira dans le temple d’Esculape, et s’y promenait. A peine y fut-il, qu’on y courut de toutes parts, dans l’opinion qu’il s’était choisi cette retraite, non tant par rapport à sa maladie, qu’à dessein d’y établir une école. Arcésilas y vint aussi pour le prier de le recommander à Polémon, malgré la profession qu’Arcésilas faisait d’être attaché à Crantor, comme nous le dirons en parlant de lui; et Crantor lui-même étant rétabli fut étudier sous Polémon; ce qui ne contribua pas peu à augmenter l’estime qu’on avait pour lui. On dit que Crantor laissa tout son bien à Arcésilas; il montait à la valeur de douze talents; et Arcésilas lui ayant demandé où il voulait être enterré, il lui répondit : « Il convient d’être mis dans le sein de la terre, notre amie. »

On dit aussi qu’il a composé des ouvrages poétiques; et qu’il les mit cachetés dans le temple de Minerve, dans sa patrie. Le poëte Théétète a fait son éloge en ces termes :

Agréable aux dieux et plus agréable encore aux Muses, Crantor mourut avant sa vieillesse. Toi, terre, reçois le dépôt sacré de son corps, et le conserve en paix en ton sein!