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XÉNOCRATE.

il la fit entrer chez lui, et n’y ayant qu’un lit, elle le pria de lui en céder la moitié, ce qu’il fit; enfin, après qu’elle l’eut tenté inutilement, elle se retira, en disant qu’elle ne sortait pas d’auprès d’un homme, mais d’une statue. On dit aussi que les disciples de Xénocrate ayant conduit Laïs auprès de lui, il aima mieux endurer des blessures que de manquer de continence.

Il avait la réputation de posséder tant de bonne foi, que, quoique personne à Athènes ne fût admis à rendre témoignage sans confirmer par serment, on le dispensa de cette loi.

il se contentait de ce qui est nécessaire aux besoins de la nature. Alexandre lui ayant envoyé une grande somme d’argent, il n’en garda que trois mille drachmes, et lui renvoya le reste, en disant que c’était celui qui avait beaucoup de monde à nourrir qui avait besoin de beaucoup d’argent. Myronian, dans son Traité des choses semblables, dit aussi qu’il n’accepta point l’argent qu’Antipater lui envoya. Denys lui ayant donné une couronne d’or qu’il avait proposée pour prix à ses conviés dans le festin d’une fête de Bacchus, il la mit en sortant au pied de la statue de Mercure, où il avait aussi coutume de poser des couronnes de fleurs. On dit aussi qu’il fut envoyé en ambassade avec d’autres auprès de Philippe; que ses collègues, amollis par les présents de ce prince, assistèrent à ses festins, ce qui fit qu’ils eurent des conférences avec lui; mais que Xénocrate fut insensible à ses faveurs, ce qui fut cause que ce prince ne voulut point le reconnaître. Lorsqu’ils furent de retour à Athènes, les autres se plaignirent que Xénocrate ne les avait point aidés, et on était près de le condamner à une amende; mais lorsqu’on eut appris et qu’il eut fait voir la nécessité de redoubler de vigilance pour la république, en disant que ses collègues avaient été gagnés, mais que Philippe n’avait pu le tenter, cela le fit estimer davantage; et Philippe même dit à sa louange qu’il était le seul de ceux