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PLATON.

fallait premièrement qu’il établit sa réputation, et qu’alors plusieurs de ses dogmes seraient estimés. Xénocrate étant un jour entré chez lui, il lui dit : Je vous prie, châtiez cet esclave; je ne puis le faire parceque je suis irrité. Une autre fois, il dit à un de ses domestiques qu’il le punirait s’il n’était pas en colère. Étant à cheval, il descendit, par la pensée qui lui vint que cet animal lui donnait un air de fierté. Il recommandait aux ivrognes de se regarder dans le miroir, afin que la honte qu’ils auraient de leur état leur inspirât de l’aversion pour ce vice; et il ne voulait point qu’on bût au delà de ce qu’on pouvait porter, excepté dans les fêtes de Bacchus. Il blâmait ceux qui aimaient le sommeil et dormaient trop. De là vient qu’il dit, dans ses Lois, qu’un dormeur est un homme sans mérite. Il disait que la vérité est la chose la plus agréable qu’on puisse entendre : d’autres croient qu’il ne parlait pas de la vérité que disent les autres, mais celle qu’on dit soi-même. Voici une sentence de son livre des Lois : « La vérité, mon cher hôte, est belle et durable; mais qu’il parait difficile de persuader aux hommes de la suivre! »

Platon souhaitait beaucoup de perpétuer la mémoire de son nom, ou par ses ouvrages, ou par la bouche; et c’est pour cela qu’il faisait souvent des voyages.

Il mourut, selon Phavorin au troisième livre de ses Commentaires, la treizième année du roi Philippe, de qui Théopompe dit qu’il reçut des réprimandes. Myronian, dans son traité des Choses semblables, cite Platon sur le proverbe auquel la vermine de Platon donna lieu, comme si ce philosophe était mort de cette maladie. On l’enterra dans l’académie, ou il avait longtemps enseigné la philosophie et d'où sa secte prit le nom d’académique. Il fut enterré avec beaucoup de solennité. Voici son testament :

Platon laisse et lègue ce qui suit : La métairie d’Ephestiade, qui a