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DISCOURS.

ture, craignant notre orgueil, ait voulu nous humilier, en nous faisant passer par bien des impertinences, pour arriver à quelque chose de raisonnable. Cependant c’est sur ces impertinences, qui sont la honte de l’esprit humain, que se sont entées et que s’élèvent ces connaissances merveilleuses dont il se glorifie aujourd’hui. Il a fallu que nos prédécesseurs nous enlevassent, pour ainsi dire, toutes les erreurs que nous aurions certainement saisies, pour nous forcer enfin à prendre la vérité. Avant de connaître le vrai système du monde, il nous a fallu essayer des idées de Platon, des nombres de Pythagore, des qualités d’Aristote, etc. C’est avec la croyance de toutes ces misères-là, que nous avons amusé notre enfance. Parvenus une fois à l’âge de virilité, nous n’avons eu rien de plus pressé que de les rejeter.

Mépriserons-nous donc les anciens, parceque, comparés à nous dans l’art de raisonner et de connaître la vérité, ils ne peuvent être regardés que comme des pygmées ? loin de nous un mépris si injuste. Leur ignorance fut un défaut de leur siècle, et non de leur esprit. Transportés dans le nôtre, ils auraient été ce que nous sommes aujourd’hui ; ils auraient, avec des secours multipliés de toute espèce, étendu comme nous la sphère des connaissances humaines.

Pour revenir à Diogène Laërce[1], on trouve dans sa Vie des philosophes grecs leurs divers systèmes, un détail circonstancié de leurs actions, des analyses de

  1. Les auteurs ne fixent pas précisément l’époque où vécut Diogène Laërce. Quelques uns le font vivre vers le temps de Marc-Antonin ; d’autres le placent sous Sévère, et même un peu plus tard. On n’est point non plus d’accord sur la ville ou il naquit ; Ménage, Fabricius, Heuman, Bruker, Froben, Casaubon disent que Diogène Laërce était de Laërte, ville de Cilicie.