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PLATON.

il que les idées étaient dans la nature comme des modèles dont les autres choses sont des copies.

Voici aussi de quelle manière Épicharme raisonnait sur le bien et sur les idées :

A. Le son d’un instrument n’est-il pas quelque chose de réel ?

B. Oui, sans doute.

A. Est-ce que l’homme est pourtant un fou ?

B. Non.

A. Qu’est donc celui qui joue de cet instrument ? n’est-ce point un homme ?

B. Certainement.

A. Ne vous semble-t-il pas qu’il en est de même par rapport au bien ; que le bien est tel par lui-même, que celui qui le pratique devient bon, et qu’il en est de lui comme de ceux qui ont appris à jouer de quelque instrument, à danser, à manier la navette, ou quelque autre exercice pareil, c’est-à-dire qu’aucun d’eux n’est l’art même qu’il exerce, mais seulement artisan ?

Platon, dans son Opinion touchant les idées, dit que la mémoire prouve que les choses qui existent ressortissent à des idées, vu que la mémoire suppose un objet qui subsiste et est toujours dans le même état ; or rien n’est constant de cette manière que les idées. Comment, dit-il encore, serait-il possible que les animaux veillassent à leur conservation s’ils n’en avaient l’idée, et si la nature ne leur en avait donné l’instinct ? Il allègue pour exemple leur avidité pour tout ce qui ressemble à la nourriture à laquelle ils sont accoutumés ; par où il montre qu’ils ont tous une idée naturelle de la ressemblance, qui fait qu’ils connaissent les choses qui sont du même genre. Écoutons encore là-dessus Épicharme :

Eumée, dit-il, la sagesse n’est pas particulière à l’homme seul ; tout ce qui vit en a quelque connaissance. La poule ne produit pas des poulets vivants ; elle couve ses œufs et les anime par la chaleur. La nature seule connaît cette sagesse, et c’est elle qui l’enseigne à cet animal. Il ajoute : Ne vous étonnez pas de ce que je dis que cette poule se plaît à voir ses poussins, et quelle les trouve