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PLATON.

soit la première, si elle est engendrée. À ce compte, aucune ne sera la première ni même la seconde. Quant aux hommes en particulier, voici ce qui en sera ; supposez un nombre pair ou impair, si on ajoute ou qu’on en retranche, sera-ce le même nombre ?

B. Il ne me le paraît pas.

A. Ou si on allonge ou qu’on diminue une mesure d’une coudée, sera-ce la même mesure qu’auparavant ?

B. Non certainement.

A. À présent, considérez les hommes, dont l’un croit et l’autre décline : ils changent tous d’un moment à l’autre. Or ce qui change dans sa nature et ne demeure pas dans le même état est différent de ce qu’il était. Vous et moi ne sommes point ce que nous étions hier, et ne serons pas demain ce que nous sommes aujourd’hui, ni dans aucun temps tels que nous aurons été dans un autre.

À cela Alcime ajoute encore que les philosophes veulent qu’il y ait des choses que lame connaît par le moyen du corps comme par les yeux et les oreilles, et d’autres qu’elle connaît par elle-même, sans le secours du corps ; et à cette occasion ils distinguent les choses en sensibles et en intelligibles. De là Platon inférait que, pour parvenir à la connaissance des principes de l’univers, il faut d’abord distinguer les idées que l’âme connaît par elle-même, comme sont celles de la ressemblance, de l’unité, de la multitude, de la grandeur, du repos et du mouvement ; qu’ensuite il faut considérer aussi en elle-même l’idée de l’honnête, du bon et du juste ; qu’enfin il faut avoir égard aux idées qui renferment quelque relation, comme la science, ou la grandeur, ou la puissance, et se souvenir que les choses qui ont rapport à nous-mêmes reçoivent leur nom de leur participation avec les idées générales : par exemple, nous appelons justes les choses qui conviennent avec les idées du juste, et honnêtes les choses qui conviennent avec l’idée de l’honnête. Chacune de ces espèces de choses est éternelle et spirituelle ; ce qui fait qu’il ne peut y arriver de confusion. Aussi Platon disait-