Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée
111
MÉNÉDÈME.

fixement, lui reprocha qu’il s’érigeait en nouvel Agamemnon et en gouverneur de la ville.

Ménédème avait du penchant à la superstition : un jour qu’il était dans une auberge avec son ami, on leur servit de la viande d’une bête morte d’elle-même; l’ayant remarqué, le cœur lui en souleva et il pâlit. Asclépiade l’en reprit et lui dit : Ce n’est pas la viande qui vous fait du mal, c’est l’idée que vous en avez. A cela près, Ménédème avait l’ame grande et généreuse; quant à sa complexion, quoique déjà vieux, il était aussi vigoureux que dans sa jeunesse et aussi ferme qu’un athlète. Il avait le teint basané, de l’embonpoint, et la taille médiocre : témoin sa statue qu’on voit encore dans l’ancien stade d’Érétrie, et où il est représenté si découvert qu’il semble que le sculpteur ait voulu qu’on pût remarquer presque toutes les parties de son corps.

Il remplissait tous les devoir de l’amitié envers ceux qu’il avait choisis pour amis : et comme Érétrie était une ville malsaine, il donnait quelquefois des repas dans lesquels il s’égayait avec des poëtes et des musiciens. Il aimait beaucoup Aratus, Lycophon, poëte tragique, et Antagore de Rhodes; mais Homère plus que tous les autres. Après ceux-ci, il faisait cas des poëtes lyriques et estimait Sophocle. Entre les satiriques, il aimait Achée, après Eschyle, à qui il donnait le premier rang. De là vient qu’il citait ces vers contre ceux qui pensaient autrement que lui sur le gouvernement de la république :

Autrefois l’animal le plus léger fut surpris par le plus pesant, et la tortue devança l’aigle.

Cela est tiré d’Omphale, ouvrage satirique d’Achée. Ainsi on se trompe de croire que Ménédème n’a lu que la Médée d’Euripide, qui est insérée dans les poésies de Néophron de Sycione.

Il n’estimait point Platon, Xénocrate, ni Parébate de