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PRÉFACE.

Au nombre des détracteurs de Diodore, nous citerons en première ligne L. Vives, savant espagnol, mort en 1540. Suivant Vives, l’auteur de la Bibliothèque historique n’est qu’un conteur fastidieux[1]. Nihil est eo nugacius, dit-il, en parodiant ces paroles de Pline l’ancien : Primus apud Grœcos desiit nugari Diodorus[2]. Bodin, Dodwell et d’autres critiques emploient un langage plus modéré ; mais le jugement qu’ils portent sur l’ouvrage de l’historien d’Agyre, est au fond tout aussi sévère, pour ne pas dire injuste. Le comte de Caylus, qui a consacré un mémoire assez étendu à l’appréciation des qualités et des défauts des historiens grecs, et particulièrement de Diodore de Sicile, ne reconnaît à ce dernier qu’un génie très médiocre[3]. Beaucoup de ces critiques ont trouvé de l’écho ; et même de nos jours, l’opinion de Vives a rencontré des partisans. Miot lui-même ne me semble pas avoir rendu à Diodore toute la justice qu’il mérite.

Ces jugements si contradictoires s’expliquent et peuvent même se concilier. Diodore donna à son ouvrage le titre modeste de Bibliothèque historique en quarante livres. Ce titre seul aurait déjà dû le garantir contre d’injustes attaques. L’auteur, en effet, n’a d’autre prétention que de léguer à la postérité un recueil complet des matériaux d’une histoire universelle, coordonnée chronologiquement. On y trouve de nombreux extraits de Ctésias, de Timée, d’Éphore, d’Hécatée, de Callisthène, d’Agatharchide et de tant d’au-

  1. De Causis corruptarum Artium, in Opp. Lud. Vives. Basil., 1555, in-fol., p. 369.
  2. Hist. nat., I, 3.
  3. Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, tom. XXVII.