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PRÉFACE.

ces prétendus hors-d’œuvre, ces détails taxés de superflus, sinon de puérils, nous permettent précisément de sonder, en grande partie, le milieu moral, la civilisation industrielle, dont les arts et les sciences sont les principaux agents. Avec des fragments empruntés aux œuvres d’Hérodote, de Thucydide, de Xénophon, de Polybe, de Diodore, de Plutarque, on pourra réussir à construire l’histoire des arts et des sciences dans l’antiquité ; — je l’ai moi-même naguère essayé pour la chimie ; — mais jamais nos descendants ne pourront faire de semblables tentatives avec les œuvres des historiens de nos jours.

Telles sont les réflexions qui se sont présentées à mon esprit pendant la traduction de la Bibliothèque historique.

Peu d’écrivains ont été aussi différemment, je dirai même aussi injustement appréciés que Diodore, natif d’Agyre, en Sicile, et contemporain de Jules César. Si les uns lui ont décerné des éloges exagérés, les autres lui ont infligé un blâme immérité.

Justin le martyr n’hésite pas à considérer Diodore comme le plus célèbre des historiens grecs[1]. Eusèbe lui-même semble partager cette opinion[2]. Enfin, Henri Étienne, renchérissant encore sur ces témoignages, s’écrie avec enthousiasme : « Notre Diodore brille parmi tous les historiens qui sont parvenus jusqu’à nous, comme le soleil parmi les astres[3] ! »

  1. Ὁ ἐνδοξότατος παρ’ὑμῖν τῶν ἱστοριογράφων Διόδωρος (Ho endoxotatos par’humin tôn historiographôn Diodôros). Just. martyr. Protrep.
  2. Ὁ Σιϰελιώτης Διόδωρος γνωριμώτατος τοῖς τῶν Ἑλλήνων λογιωτάτοις (Ho Sikeliôtês Diodôros gnôrimôtatos tois tôn Hellênôn logiôtatois). Euseb. Præparat. Evangel.
  3. Quantum enim salis lumen inter stellas, tantum inter omnes, quotquol ad nostra tempora pervenerunt, historicos noster hic Diodorus eminere dici potest. Brevis Tractatus de Diodoro, p. 14, dans le tom. I de l’édition bipontine.