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LIVRE I.

l’Océan. Je suis le fils aîné de Saturne, je sortis d’un œuf beau et noble, et je devins la semence qui est de la même origine que le jour. Et il n’y a pas un endroit de la terre que je n’aie visité, prodiguant à tous mes bienfaits. »

Voilà, dit-on, ce qui est écrit et ce qu’on peut lire sur ces colonnes ; le reste a été effacé par le temps. Les opinions diffèrent sur la sépulture de ces divinités, parce que les prêtres, cachant tout ce qui s’y rapporte, ne veulent point divulguer la vérité, et qu’il y aurait des dangers à révéler au public les mystères des dieux.

XXVIII. Selon leur histoire, les Égyptiens ont disséminé un grand nombre de colonies sur tout le continent. Bélus, que l’on dit fils de Neptune et de Libya, conduisit des colons à Babylone. Établi sur les rives de l’Euphrate, il institua des prêtres, qui étaient, comme ceux d’Égypte, exempts d’impôt et de toute charge publique ; les Babyloniens les appellent Chaldéens. Ils s’occupent de l’observation des astres, à l’imitation des prêtres et physiciens de l’Égypte ; ils sont aussi astrologues. Danaüs partit également de l’Égypte avec une colonie, et fonda la plus ancienne des villes grecques, Argos. Les Colchidiens du Pont et les Juifs, placés entre l’Arabie et la Syrie, descendent aussi de colons égyptiens. C’est ce qui explique l’usage qui existe depuis longtemps chez ces peuples de circoncire les enfants ; cet usage est importé de l’Égypte. Les Égyptiens prétendent que les Athéniens eux-mêmes descendent d’une colonie de Sais, et ils essaient de démontrer ainsi cette opinion : Les Athéniens, disent-ils, sont les seuls Grecs qui appellent leur ville Asty, nom emprunté à l’Asty d’Égypte ; de plus, leur organisation politique a le même ordre, et divise, comme chez les Égyptiens, les citoyens en trois classes. La première se compose des eupatrides[1], qui, comme les prêtres en Égypte, sont les plus instruits et dignes des plus grands honneurs. La seconde classe comprend les possesseurs de terres, qui devaient avoir des armes

  1. Εὐπατρίδες, patriciens, nobles (cognoscibiles, nobiles), c’est-à-dire dont les pères sont connus.