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LIVRE I.

feuilles au lieu que le lierre reste toujours vert. Les anciens en ont agi de même à l’égard d’autres plantes toujours verdoyantes ; ils ont consacré le myrte à Vénus, le laurier à Apollon et l’olivier à Minerve.

XVIII. Dans cette expédition Osiris était, selon la tradition, accompagné de ses deux fils, Anubis et Macédon ; ils portaient l’un et l’autre des armures provenant de deux bêtes dont ils imitaient le courage. Anubis était revêtu d’une peau de chien et Macédon d’une peau de loup : c’est pourquoi ces animaux sont en honneur chez les Égyptiens. Il prit encore avec lui Pan qui est particulièrement vénéré dans le pays ; car les habitants placent sa statue dans chaque temple, ils ont même fondé dans la Thébaïde une ville appelée Chemmo[1], mot qui signifie ville de Pan. Il se fit suivre enfin par deux hommes instruits dans l’agriculture, Maron pour la culture de la vigne, et Triptolème pour celle du blé. Tout étant prêt, Osiris promit aux dieux de laisser croître ses cheveux jusqu’à son retour en Égypte, et se mit en route par l’Éthiopie. C’est là l’origine de la coutume qui existe encore aujourd’hui en Égypte, de ne point couper la chevelure pendant toute la durée d’un voyage jusqu’au retour dans la patrie. On raconte que lorsqu’il passait par l’Éthiopie, on lui amena des satyres qu’on dit être couverts de poils jusqu’aux reins. Osiris aimait la joie, la musique et la danse ; aussi menait-il à sa suite des chanteurs parmi lesquels étaient neuf filles instruites dans tous les arts ; les Grecs leur donnent le nom de Muses. Elles étaient conduites par Apollon, appelé pour cela Muségète. Osiris attacha à son expédition les satyres qui se distinguaient par le chant, la danse et le jeu ; car son expédition n’était point militaire, ni dangereuse : partout on recevait Osiris comme un dieu bienfaisant. Après avoir appris aux Éthio-

  1. D’après Hérodote, Chemmis est le nom d’une grande ville située dans le nome thébaïque, près de Néapolis (II, 91). Ailleurs (II, 156), c’est le nom d’une île. Chemmo paraît être le nom égyptien, que les Grecs ont changé en Chemmis. C’est sans raison qu’on a voulu faire dériver de Chemmis le nom de chimie, alléguant que cette science avait été d’abord cultivée dans cette ville de l’Égypte. Voy. mon Histoire de la Chimie, t. II, p. 32.