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PRÉFACE.

jusqu’à ce que Monge le vît en Égypte et l’expliquât scientifiquement.

Le récit que Diodore fait de la température du climat dans le pays des Troglodytes a été regardé comme une pure invention de l’historien. « Personne, dit-il, ne peut marcher dans ce pays sans chaussure ; car ceux qui y vont pieds nus sont aussitôt atteints de pustules. Quant à la boisson, si l’on n’en usait pas à satiété, on mourrait subitement, la chaleur consumant les humeurs du corps. Si l’on met quelque aliment dans un vase d’airain avec de l’eau, et qu’on l’expose au soleil, il est bientôt cuit, sans feu ni bois. » (Liv. III, chap. 34.)

En effet, il est aujourd’hui acquis à la science que la température la plus élevée s’observe, non pas précisément sous l’équateur, mais sur les bords de la mer Rouge, tout près de l’ancienne contrée des Troglodytes. La température d’été y dépasse quelquefois cinquante-six degrés du thermomètre centigrade, à l’ombre. C’est une chaleur de dix-huit degrés supérieure à celle du sang de l’homme.

Certains mythes semblent, sous l’enveloppe du merveilleux, cacher des vérités scientifiques. « Phaéton (le maladroit conducteur du char d’Hélius) tomba à l’embouchure du Pô, appelé autrefois Éridan. Ses sœurs pleurèrent amèrement sa mort ; leur douleur fut si grande qu’elles changèrent de nature et se transformèrent en’peupliers. Ces arbres laissent annuellement, à la même époque, couler des larmes. Or, ces larmes solidifiées constituent l’electrum (succin). » (Liv. II, chap. 23.)

C’est là, si l’on veut, l’allégorie ingénieuse d’un fait physique. On a beaucoup discuté sur l’origine du succin. L’opi-