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de douze mille cavaliers1 ; d’un seul port il fit sortir quatre cents vaisseaux longs dont quelques-uns à quatre et même à cinq rangs de rames. Un peu avant l’époque d’Annibal. Les Romains, prévoyant l'importance de la guerre qu’ils avaient à soutenir, firent en Italie le recensement de tous les citoyens et auxiliaires en état de porter les armes, et le nombre total n’en fut guère moins d’un million. Or, la population entière de l’Italie n’est pas comparable a une seule nation de l’Asie. Cela doit suffire à ceux qui veulent estimer la population ancienne comparativement aux villes actuellement dépeuplées de l’Asie.

VI. Ninus, s’étant donc mis en marche contre la Bactriane avec une aussi puissante armée, fut obligé de partager celle-ci en plusieurs corps à cause des défilés qu’il avait à traverser. Parmi les grandes et nombreuses villes dont la Bactriane est remplie, on remarquait surtout celle qui servait de résidence royale ; elle se nommait Bactres et se distinguait de toutes les autres par sa grandeur et ses fortifications. Oxyarte2, qui était alors roi, appela sous les armes tous les hommes adultes, qui s’élevaient au nombre de quatre cent mille. Avec cette armée, il s’avança à la rencontre de l’ennemi, vers les défilés qui défendent l’entrée du pays ; il y laissa s’engager une partie des troupes de Ninus ; et lorsqu’il pensa que l’ennemi était arrivé dans la plaine en nombre suffisant, il se rangea en bataille. Après un combat acharné, les Bactriens mirent en fuite les Assyriens, et les poursuivant jusqu’aux montagnes qui les dominaient, ils tuèrent jusqu’à cent mille hommes. Mais, peu à peu tout le reste de l’armée de Ninus pénétra dans le pays ; accablés par le nombre, les Bactriens se retirèrent dans les villes, et chacun ne songea qu’à défendre ses foyers. Ninus s’empara facilement de toutes ces villes ; mais il ne put prendre d’assaut Bactres, à cause de ses fortifications et des munitions de guerre dont cette ville était pourvue. Comme le siége traînait en longueur, l’époux de

1Voy. plus bas, XIV, 47.

2 Le nom d’Oxyarte paraît être un nom générique comme celui de Pharaon, qu’on donnait aux rois d’Égypte. Le père de Roxane : s`appelait aussi Oxyarte. Voy. XVIII, 3.