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LIVRE I.

dore, et ces deux parties s’adaptèrent si bien ensemble que la statue entière semblait être l’œuvre d’un seul artiste. Or, cette manière de travailler n’est nullement en usage chez les Grecs, tandis qu’elle est très-commune chez les Égyptiens. Ceux-ci ne conçoivent pas comme les Grecs le plan de leurs statues d’après les vues de leur imagination : car, après avoir arrangé et taillé leur pierre, ils exécutent leur ouvrage de manière que toutes les parties s’adaptent les unes aux autres jusque dans les moindres détails. C’est pourquoi ils divisent le corps humain en vingt et une parties un quart, et règlent là-dessus toute la symétrie de l’œuvre. Ainsi, après que les ouvriers sont convenus entre eux de la hauteur de la statue, ils vont faire chacun chez soi les parties qu’ils ont choisies ; et ils les mettent tellement d’accord avec les autres, qu’on est tout étonné. C’est ainsi que la statue d’Apollon à Samos fut exécutée conformément à la méthode égyptienne ; car elle est divisée en deux moitiés depuis le sommet de la tête jusqu’aux parties génitales et ces deux moitiés sont exactement égales. Ils soutiennent aussi que cette statue, représentant Apollon les mains étendues et les jambes écartées comme dans l’action de marcher, rappelle tout à fait le goût égyptien[1].

Voilà ce que nous avions à dire sur l’Égypte ; nous en avons raconté les choses les plus dignes de mémoire. Nous allons maintenant poursuivre notre récit d’après le plan annoncé au commencement de ce livre, en commençant par l’histoire des Assyriens en Asie.


  1. Les plus anciennes statues égyptiennes sont, au contraire, représentées ayant les pieds et les mains confondus avec le bloc de pierre où elles sont sculptées.