LA SULAMITE
Le Cantique des Cantiques, quelle que soit la date qu’on assigne à sa composition, est parmi les morceaux dialogues les plus antiques. M. Maspero l’a comparé à une scène d’amour empruntée au papyrus Harris[1]. Le rapprochement est curieux et intéressant à tous égards. Mais le Cantique des Cantiques est plus complet que l’idylle égyptienne et, peut-être, d’un art supérieur. Aussi bien, entre les deux, nous ne pouvions hésiter.
Une seule objection se présentait. Le Cantique des Cantiques fait partie des livres saints et a reçu une interprétation mystique et consacrée. C’était un terrain où nous aurions eu garde de pénétrer. Pourtant, il nous a paru que, tout en respectant la version religieuse, on pouvait, à titre de curiosité littéraire, se restreindre au sens profane et en donner une imitation poétique. Mlle Elisabeth Schaller a bien voulu tenter cette expérience, elle y a réussi pleinement. Son drame sacré, la Sulamite, réunit à des qualités
- ↑ Journnal asiatique, 1883, t. I, p. 12.