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derniers de ses compagnons d’armes dans l’enceinte fortifiée, rassemble aussitôt ses soldats et leur adresse la parole :

«  O Perses ! voici votre sort : si vous êtes vaincus, vous serez tous massacrés ; si vous êtes victorieux, vous cesserez d’être les esclaves des Mèdes et vous conquerrez le bon heur et la liberté. »

il leur représente également, afin de raffermir leur courage, qu’ils ont fail un grand carnage des Mèdes et leur recommande d’envoyer pendant la nuit les femmes et les enfants sur la plus haute montagne du pays, nommée Pasargade.

Au lendemain, le jeune général sort des retranchements, dont il confie la garde à son père et aux soldats les moins jeunes et, suivi d’Ebare, se précipite au combat. Le sort de cette deuxième journée devait être funeste aux Perses. Un parti mède qui a abordé l’aile droite des révoltés marche sur le camp retranché, l’enlève de haute lutte, fait prisonnier le père de Cyrus et l’amène percé de coups au roi d’Ecbatane.

«  Ne me tourmente pas, lui dit le captif, mon Ame va s’échapper de mon corps. » « 

C’est contre ton avis, je le sais, répond Astyage, que Cyrus s’est révolté ; je ne saurais te reprocher les crimes de ton fils. Meurs en paix, je le ferai faire des funérailles dignes de ton rang. »

Pendant ce temps les envahisseurs, maîtres de la plaine, cherchent à gravir les sentiers qui conduisent au sommet du mont Pasargade.

Ebare a compris le danger que courent ses compatriotes. Traversant des gorges à lui seul connues, il se porte avec mille hommes au-devant des ennemis, tandis qu’Astyage, informé de la manœuvre exécutée par le général perse, donne l’ordre à vingt mille combattants de tourner la montagne ; mais a peine essayent- ils de s’engager dans les défilés, qu’ils sont accueillis par une avalanche de pierres que les troupes préposées à la garde du plateau situé au-dessous du mont Pasargade font rouler sur les flancs escarpés des rochers. Après deux jours de repos les Mèdes, qui s’étaient précédemment emparés des points les plus bas de la montagne, tentent un suprême effort et s’élancentà l’assaut des positions ennemies. Les Perses, surpris, déploient une extrême bravoure, mais fléchissent sur tous les points. Refoulés lentement par les envahisseurs, ils remontent en combattant les pentes qui conduisent au sommet, quand accourent au-devant d’eux leurs femmes et leurs mères. Celles-ci, après les avoir apostrophés avec une crudité de langage que le latin lui-même se refuserait à rendre, les renvoient à l’ennemi. Saisis de honte, enflammés d’un terrible courroux, les Perses reviennent au combat et font de leurs ennemis un terrible carnage. Après des revers suivis de retours de fortune, la lutte, longtemps indécise, se termine enfin par la déroute des armées d’Ecbatane. Cyrus victorieux entre dans la tente du roi mède et s’assied sur le trône de son ancien suzerain. Les Mèdes étaient vaincus, mais quatre hommes surtout avaient rend u leur défaite irrémédiable. C’était d’abord Artasyras, satrape d’Hyrcanie, qui fit défection avec cinquante mille hommes et rendit hommage à Cyrus. A la suite du général hyrcanien se présentèrent les chefs des Parthes, des Socares et des Ractres.

Quant à Astyage, se voyant abandonné de tous les siens, il vint à son tour trouver Cyrus, qui l’accueillit avec honneur, tout en le retenant prisonnier. «  La ville dont les ruines sont à nos pieds serait donc la Pasagarde (la Place Forte) construite par Cyrus sur l’emplacement où il avait vaincu ses ennemis, ville qu’il faut se garder de confondre avec la vieille capitale des Achéménides nommée Pasargade et visitée par Alexandre à son retour des Indes avant d’atteindre Persépolis. Cette dernière cité, signalée par le tombeau de Cyrus, était voisine de Darab ou de Fæsa. Ce sont des similitudes de noms qui expliqueraient la confusion dans laquelle sont tombés à leur sujet les auteurs anciens en.