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Advienne que pourra : je vais engager les six familles. Demain je vous abandonnerai à votre bonne étoile el me mettrai de mon coté en tournée de visites. »

17 septembre. — Laissant le Père à ses préparatifs, nous nous sommes dirigés ce malin vers les bords du Zendèroud.

En redescendant le cours du ncuve, nous n’avons pas tardé à atteindre la partie du Tchaar-Hag située sur la rive droite à la suite du pont Allah Yerdi Khan. Elle aboutissait autrefois à un immense parc, connu sous le nom de Hezar Djerib (les Mille Arpents). Des tumulus de terre délayée par les pluies et un beau pigeonnier témoignent seuls de la splendeur des constructions élevées dans ce jardin. Après avoir dépassé ces tristes ruines,

AINÈ KlUNÈ (MAISON DES MIROIRS)

nous apercevons un bouquet de platanes ombrageant un charmant pavillon, le Ainè Khanè (Maison des Miroirs).

La façade, ouverte dans la direction du Zendèroud. est ornée d’un portique hypostyle. Ses colonnes, au nombre de douze, étaient revêtues autrefois de miroirs taillés à facettes. Les plafonds, en mosaïques de bois de cyprès et de platanes, rehaussés de filets d’or, les lambris de faïence colorée, les portes et les croisées fermées par des vantaux travaillés à jour comme les moucharabiés du Caire, composent un ensemble des plus séduisants.

Quand ils viennent à Ispahan tenir les audiences solennelles, les rois de la dynastie Kadjar se placent généralement sous ce portique, d’où l’on aperçoit le cours du fleuve et les deux ponts Allah Verdi Klian et Hassan Beg. En 18HI notamment, Mohammed chah y présida une cour de justice et s’y montra si sévère qu’il rétablit l’ordre dans la province de l’Irak, infestée par des hordes de brigands.