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devant nous les plus habiles forgerons ispahaniens ; ils portent avec eux des canards, des chameaux, des ânes, des boucliers et des aiguières en acier, façonnés au marteau et rehaussés de minces filets d’or ou de platine incrustés dans le dur métal.

Nous recevons également la visite de plusieurs grands marchands de tapis. L’un d’eux nous invite à venir prendre le thé dans sa maison, ses marchandises étant trop lourdes pour être facilement transportées. J’accepte son offre avec d’autant plus d’empressement qu’il est marié, prétendent les matrones d’ Ispahan, à l’une des plus jolies femmes de la ville.

L’entrée de l’andéroun sera difficile à forcer, et j’aurai bien du mal à me faire présenter à la belle, car le bonhomme, trompé comme le commun des mortels par mes habits et la peau tannée de mon visage, a cru être agréable à Marcel en lui faisant sur moi les compliments les plus aimables.

« Votre esclave a vu du premier coup d’œil que ce jeune homme est le fils de Votre Honneur. Dieu a donné à cet enfant des traits qui reproduisent trop fidèlement votre bienfaisante image pour que l’on n’en soit point frappé. »

Les Persans, sans oser se l’avouer, ont si peu de confiance dans la vertu de leurs femmes, que la constatation de la ressemblance entre père et fils est un compliment délicat toujours reçu avec le plus grand plaisir.

Marcel, très touché des bonnes paroles du marchand de tapis, s’est confondu en remerciements.

Caravanserail Armenien