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Sœur de Sainte-Catherine a Djoulfa


CHAPITRE XII

Arrivée à Ispahan. — Tchaar-Bag. — Djoulfa. — Le couvent des Mekitaristes. — Le P. Pascal Arakélian. — Origine de la colonie arménienne. — Destruction de Djoulfa sur l’Araxe. — Établissement des Arméniens dans l’Irak. — Un dimanche à Djoulfa. — L’évèque schismatique et son clergé. — Les Sœurs de Sainte-Catherine. — La préparation de l’opium. — Une noce arménienne.

16 août. — Au delà de Guez, huit ou dix sentiers, coupés en tous sens par une multitude de kanots et de ruisseaux, se dirigent vers Ispahan. La vallée, que nous parcourons au galop précipité de nos montures, est comprise entre deux collines et barrée à son extrémité par de belles montagnes, dont les lignes majestueuses et la chaude coloration semblent empruntées aux chaînes du Pentélique ou de l’Hymette.

La capitale de l’Irak, noyée dans une vapeur azurée, s’étend au pied de ces rochers abrupts, créés sans doute pour faire ressortir l’admirable végétation jetée comme un manteau de verdure autour d’Ispahan. Aux rayons du soleil couchant scintillent les émaux bleu turquoise de la masdjed Chah, tandis que sur le fond du ciel se découpent les fines silhouettes de minarets élancés, semblables aux flèches les plus aiguës de nos cathédrales gothiques. De tous côtés sont dispersées des tours massives décorées de mosaïques de briques, vers lesquelles se dirigent à tire-d’aile des pigeons si nombreux, qu’en passant bruyamment au-dessus de nos têtes ils obscurcissent, nuage vivant, la lumière du jour.

La voilà donc « cette moitié du monde, cette belle Ispahan, cette merveille des merveilles, cette rose fleurie du paradis, l’idole des poètes persans. Ses routes et ses sentiers sont