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Tombeau cheikh a Kouai

CHAPITRE X


La digue de Saveh. — Les tarentules. — Les fonctionnaires persans. — Entrée à Avah. — Visite à une dame persane. — Voyage dans le désert. — Arrivée à Koum. — Panorama de la ville. — Plan d’un andéroun. — Le gouverneur de la ville. — Tombeau de Katma. — Tombeaux des cheikhs. — Concert de rossignols.


26 juillet. — Me voici depuis deux jours à la digue. Afin d’éviter les pertes de temps, Marcel a renoncé à aller loger au village de Sabsabad, situé à un farsak de l’ouvrage, et a ordonné d’installer notre campement dans des huttes de terre servant d’habitation à quelques paysans chargés de cultiver un bosquet de grenadiers plantés auprès d’une dérivation de la rivière : ces arbres ne donnent encore aucun ombrage et nous laissent exposés tout le jour aux rayons brûlants du soleil.

Aux premières lueurs de l’aube nous prenons la direction du barrage. La vallée s’élève entre deux montagnes à pic et se resserre à tel point que les parois des rochers semblent se confondre il leur base. Cette brisure naturelle est fermée par une digue bâtie en moellons de pierre et mortier de chaux. Malheureusement la construction n’a pas été fondée sur le roc en place, mais sur d’énormes graviers amoncelés au fond de la rivière. Aussi, dès que les eaux, en s’élevant dans le bassin, eurent exercé une pression suffisante, elles filtrèrent à travers le sous-sol, entraînant les sables, les graviers et les blocs, et en fin de compte creusèrent un large pertuis à la base de l’édifice.

Depuis de longues années les gouverneurs se sont préoccupés de la réparation de cette digue, et à plusieurs reprises ils ont fait couler, à l’entrée de l’ouverture, des blocs de pierre