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genoux. Leurs rotules restent à découvert quand ils relèvent un pan de leurs larges pantalons dans la ceinture afin de marcher plus librement.

Khoremdereh 6 mai. — À deux étapes de Sultanieh se trouve le plus joli village que nous ayons encore rencontré sur notre route depuis Tauris. De nombreux kanots arrosent la plaine au milieu de laquelle il s’élève. Hans les champs, le blé alterne avec de grandes plantations de peupliers et de coton. La végétation luxuriante des jardins et les murs de clôture recouverts de chèvrefeuille sauvage dissimulent les maisons basses du vinage ; la seule habitation qu’on aperçoive au bout du chemin est celle du barbier de l’endroit.

Le métier de dallak (barbier) n’est pas une sinécure ; non seulement cet artiste rase la barbe des jeunes gens, mais encore la tête de tous les hommes, à l’exception de deux mèches de cheveux réservées comme ornement derrière les oreilles. La ne s’arrête pas toute sa science : un bon barbier arrache les dents, pratique la circoncision et sait enfin purger et saigner selon la formule.

Paysage a Khoremdereh


Le Figaro de Khoremdereh est en grande réputation dans le pays ; le hadji, qui a eu recours à nos talents médicaux pendant le voyage et s’est bien trouvé d’avoir suivi nos ordonnances, est allé lui annoncer l’arrivée de deux célèbres confrères. La nouvelle s’est rapidement propagée dans le village, et, quand nous rentrons au logis après avoir abattu dans les jardins un nombre respectable de geais bleus et de tourterelles, nous trouvons notre chambre transformée en cabinet de consultation.

Les uns ont apporté leurs enfants ou amené leurs vieux parents ; d’autres, les plus égoïstes, nous conduisent leur propre personne. La phtisie, les rhumatismes et l’ophtalmie sont