Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

Une pollution nocturne de ruisseaux,
De rameaux, de parfums, d’aube et de chants d’oiseaux.
L’horreur seule survit, par tout continuée.
Et par moments un vent qui sort de la nuée
Dessine des contours, des rayons et des yeux
Dans ce noir tourbillon d’atomes furieux.
Ô toi qui vas ! l’esprit, le vent, la feuille morte,
Le silence, le bruit, cette aile qui t’emporte,
Le jour que tu crois voir par moments, ce qui luit,
Ce qui tremble, le ciel, l’être, tout est la nuit !
Et la création tout entière, avec l’homme,
Avec ce que l’œil voit et ce que la voix nomme,
Ses mondes, ses soleils, ses courants inouïs,
Ses météores fous qui volent éblouis,
Avec ses globes d’or pareils à de grands dômes,
Avec son éternel passage de fantômes,
Le flot, l’essaim, l’oiseau, le lys qu’on croit béni,
N’est qu’un vomissement d’ombre dans l’infini !
La nuit produit le mal, le mal produit le pire.
Écoute maintenant ce que je vais te dire :

L’oiseau noir s’arrêta, d’épouvante troublé,
Puis, sombre et frémissant, reprit :
Je suis allé
Jusqu’au fond de cette ombre, et je n’ai vu personne.