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Dis, sans cet arrangeur, vivant, perpétuel, Soulignant ce qu’il faut changer au rituel, Dont tu doutes, songeur, pendant que tu l’implores, Les lys pâliront-ils sur les robes des flores, Les violettes, dis, perdront-elles la clé De la boîte aux parfums dans l’herbe et dans le blé ? Entre l’ombre passée et la flamme future, Dis, l’homme sera-t-il, en sa sombre aventure, Englouti par hier ou détruit par demain, Si tu n’as, pour sauver le triste germe humain, Quelque Janus bifront, faisant face aux deux hydres ? La minute va donc figer dans les clepsydres, Le temps, cet ouvrier mystérieux qui court, Au cabestan du ciel va donc s’arrêter court, La lumière, l’aimant, la sève, l’atmosphère, Vont se déconcerter et ne savoir que faire, Tout le mouvement va s’interrompre transi Si ton Brahma ne vient leur crier par ici ! Avril a-t-il besoin d’un mot d’ordre ? Un tonnerre Est-il un frissonnant et noir fonctionnaire Attendant que quelqu’un lui fixe son emploi ? Faut-il donc un veilleur toujours présent, sans quoi Les astres manqueraient les heures des aurores ?

Le monde est une tour pleine de bruits sonores ; Faut-il un horloger derrière le cadran, Réglant les poids dans l’ombre et tant de fois par an, Mettant de l’ordre au ciel, versant l’huile aux rouages Des globes, des saisons, des vents et des nuages ; Disant : Vesper, Vénus, rentrez ! sors, Jupiter ! Donnant à chaque sphère à son tour dans l’éther Ou la note qui chante, ou la note qui prie, Et remontant la vaste et sombre sonnerie ?