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Du chaos encor proche on sentait le mélange, Quand la montagne était encore un tas de fange ; Quelque étrange géant, fils de Cham ou de Bel, A-t-il pris brusquement et retourné Babel, Et l’a-t-il appuyée à ce mont, comme on scelle Un cachet sur la cire ardente qui ruisselle, De sorte que, léguant, dans le mont affaissé ; Sa forme renversée au trou qu’elle a laissé, La tour s’est dans le roc imprimée en citerne, Avec sa rampe où l’ombre après le jour alterne, Et ses escaliers noirs et ses étages ronds ; Et ses portails : s’ouvrant en bouches de clairons Si bien que maintenant l’œil voit ce moule horrible, Et le creux dont Babel fut le relief terrible !

L’auteur, je te l’ai dit ; c’est l’atome ; l’auteur, C’est ce fil brun rayant l’azur sur la hauteur, C’est un peu de brouillard d’où tombe un peu de pluie, C’est le grain de cristal qu’un souffle tiède essuie, C’est, au jour ou dans l’ombre, au matin comme au soir, La molécule d’eau qui coule du ciel noir, C’est la larme échappée aux cils de la nuée ; C’est ce qui tremble au bout de l’herbe remuée, Ce qui n’a pas de nom, ce qui ressemble aux pleurs ; C’est ce que la lumière, en traversant, les fleurs, Prend et roule en son vol sans en être chargée, Ce qu’un petit oiseau boit dans une gorgée !