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Qui passent et s’en vont et qu’un sillon d’or suit, Les flèches d’astres luire et tomber dans la nuit !

Immensité ! l’esprit frissonne. Quel Vitruve A bâti ce vertige et creusé cette cuve ? Quel Scopas, quel Sostrate ou quel Eutinopus A construit cet attique avec des monts rompus ?

Quel Phidias du ciel a fait à sa stature L’âpre sérénité de cette architecture ? Qui forgea les crampons ? qui broya les ciments ? Ô nature, qui donc à ces escarpements A lié les torrents, ces chevaux dont les queues Pendent en crins d’argent dans les cascades bleues ? Du haut de quel zénith tomba le fil à plomb ? Qui mesura, toisa ; régla ; tailla ? le long De quel mur idéal a-t-on tracé l’épure ? De quelle région de la vision pure Est sorti le rêveur de ce rêve inouï ? Quel cyclope savant de l’âge évanoui, Quel être monstrueux, plus grand que les idées ; A pris un compas haut de cent mille coudées, Et, le tournant d’un doigt prodigieux et sûr, A tracé ce grand cercle au niveau de l’azur, Rondeur sinistre ayant le gouffre pour fenêtre, Puits qui, lorsque le soir le noircit, pourrait être La coupe d’ombre énorme où vient boire la-nuit ? Aux temps où, rien n’étant complètement construit,