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Tout l’horizon autour du cirque noir tressaille, Le gave a peur, le pic, par l’orage mouillé, A le frisson dans l’ombre, et le pâtre éveillé, Pâle, écoute, et, parmi les sapins centenaires, Entend rugir la nuit cette fosse aux tonnerres !

Et ce cirque qui met, au lieu de loups et d’ours, Les ouragans aux fers dans ses cabanons sourds, Ce large amphithéâtre au mur inaccessible, Cet édifice fou, redoutable, impossible, Fait à l’esprit, et même au delà des titans, Rêver de tels combats et de tels combattants Qu’on le croirait bâti, qui sait ? pour la mêlée Des hydres que d’en bas la terre humble et troublée Entrevoit dans l’horreur du taillis sidéral ; Qu’il semble en ce champ clos étrange et sépulcral, Que, sous cette splendide et sublime falaise, Les constellations pourraient se tordre à l’aise ; Et que, dans cette arène inouïe, on a peur Parfois d’y voir descendre à travers la vapeur, Pour s’entre-dévorer, les bêtes des étoiles ; Et d’entendre lutter, là, sous de sombres voiles, Et hurler et rugir le taureau, monstre ailé, L’effrayant capricorne aux nuages mêlé, Le lion flamboyant, tout semé d’yeux funèbres, Bâillant de la lumière et mâchant des ténèbres, Le scorpion tenant dans ses pattes le soir, Et, se ruant sur tous, le sagittaire noir, Ce chasseur au carquois rempli de météores, Dont par moments on voit, ainsi que des aurores