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Et la trombe y tournoie en spirale éternelle. Embûche formidable à prendre l’ouragan ! Le précipice s’ouvre en gueule de volcan, Et malheur au nuage errant qui se hasarde À venir regarder par quelque âpre lézarde ! Sitôt qu’il y pénètre, il ne peut plus sortir ; Il a beau reculer, trembler, se repentir, Le tourbillon tient : C’est fini. Le nuage Lutte, bat le courant comme un homme qui nage ; Il roule. Il est saisi ! Vois, entends-le gronder. Il fait de vains efforts, il cherche à s’évader ; On dirait que le gouffre implacable le raille. ; Il monte, il redescend ; le long de la muraille, Fauve, il quête une issue, un soupirail, un trou ; Étreint par la rafale, égaré, fuyant, fou, Il vomit ses grêlons, crache sa pluie, et crible D’aveugles coups d’éclair l’escarpement terrible ;

Et le vieux mont s’émeut, car les rocs convulsifs Tremblent quand, s’accrochant aux pitons, aux récifs, Du haut de l’azur calme où toujours elle rôde, Libre et sans soupçonner l’immensité de fraude, À ce sombre entonnoir trébuchant brusquement, Et de son épouvante et de son hurlement Ébranlant la paroi, les tours, la plate-forme, La tempête, ce loup, tombe en ce piège énorme ! Voisinage effrayant pour les arbres, tordus Par le vent ou roulés dans l’abîme, éperdus ! Du brin d’herbe au rocher, du chêne à la broussaille,