Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée

Du vide, de l’éther, du souffle, de l’effroi. L’impossible est ici debout ; l’aigle seul brave Cette incommensurable et farouche architrave. Comme, lorsque la terre a tremblé, sont confus Dans l’herbe, les claveaux, les chapiteaux, les fûts, Tout se mêle, l’art grec avec l’art syriaque. Sous les portes croupit l’ombre hypocondriaque. Vois : tours où l’on dirait que chante Beethoven, Pilône, imposte, cippe, obélisque, peulven, Tout en foule apparaît ; soubassements, balustres Où l’eau nacrée étale au jour ses vagues lustres ; Crevasses où pourraient tenir des bataillons ; Sur les parois des creux pareils à ces sillons Qu’aux temps diluviens faisaient aux seuils des antres Et dans les grands roseaux des passages de ventres ; Là, des courbes, des arcs, des dômes ; par endroits Des murs carrés, des plans égaux, des angles droits ; Partout la symétrie inconcevable et sûre ; Des gradins dont on semble avoir pris la mesure Aux angles des genoux des archanges assis ! Des pinacles géants portent des oasis ; Ordre et gouffre ; les pins semblent sous les arcades L’herbe ; et les arcs-en-ciel s’envolent des cascades. Tout est cyclopéen, vaste, stupéfiant ; Le bord fait reculer le chamois défiant ; L’édifice, étageant ses marches que l’œil compte ; Blanchit de — plus en plus à mesure qu’il monte, Et, de tous les reflets de l’heure s’empourprant, Passe du roc calcaire au marbre pur, et prend, Comme pour consacrer sa forme solennelle,