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L’œuvre augmente et s’enfonce, et l’œil qui veut la suivre Croit voir un-trou qu’un ver fait aux pages d’un livre. Penche-toi : devant nous, comme si nous rêvions, Forant ce monstrueux monceau d’alluvions, D’une lame percée allant à l’autre lame,. Obéissant au poids qui d’en bas la réclame, Hydre outil, vilbrequin ; pioche, trompe, suçoir, Commençant le matin, recommençant le soir, Descendant l’escalier de l’épaisseur des couches, Polissant leurs largeurs en murailles farouches, Élargissant le haut, baissant l’âpre fond noir, Évasant et fouillant sans cesse l’entonnoir, Cognant partout, toujours, hiver, printemps, automne, Son petit marteau sombre, effrayant, monotone, Usant le mont, coupant le roc, sciant le grès, Complétant sa ruine et faisant son progrès, Et profitant d’un creux pour creuser davantage, Et d’une argile-à l’autre, et d’étage en étage, Du haut en bas, de bloc en bloc, de banc en banc, Errant, roulant, brisant, sapant, taillant, courbant, La goutte d’eau travaille, et, terrible ouvrière,. Tord en cercles profonds l’énorme fondrière. Le vaste mont, battu des aquilons sifflants, Frémit de voir creuser dans ses ténébreux flancs Ce puits prodigieux par ette vrille infime, Et de sentir l’atome en lui créer l’abîme.