Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée

Désormais sur ce point l’eau va s’obstiner. Vois ; Il pleut ; et l’on entend comme une triste voix ; Peut-être est-ce un démon sous la roche, qui grince De sentir l’eau plus forte et la pierre plus mince. Il pleut, il pleut, il pleut ; janvier lugubre et mort Passe avec l’ombre, il pleut ; la goutte tombe, mord, Et creuse ; avril arrive et rapporte la nue, Il pleut ; la goutte d’eau, féroce, continue ; Et la première assise est percée ; et déjà La deuxième, qu’en vain le granit protégea, Est atteinte ; et la goutte, implacable, acharnée,

Qui dépense le siècle aussi bien que l’année, Revient, et plonge, et troue et mine, dur foret, Et le dedans du mont, formidable, apparaît, Zone à zone, et voilà que, là-haut, l’aube éclaire, La goutte étant sphérique, un bassin circulaire. Un étang que le ciel dore, azure, rougit, Sur le plateau désert s’étale et s’élargit. La goutte d’eau revient, revient, revient encore, Et tombe opiniâtre, et se fait dès l’aurore Rapporter par le vent qui, la nuit, l’enleva, Et fait ses volontés dans la montagne, et va, Vient, soumettant le marbre à ses lois triomphantes, Et passe entre deux plans, et glisse entre deux fentes, Et démolit et sculpte, infatigable main. Urne hier, aujourd’hui réservoir, lac demain,